Horizon, cette ligne où se perd mon regard chaque fois que j’observe la mer. J’ai longtemps été aussi dérouté que captivé par sa monotonie. Demeuré sans inspiration face à cette ligne immuable. Pourtant c’est probable- ment un des sujets les plus en affinité le plus en phase avec mon attrait pour le minimalisme dans la nature. Avec le temps j’ai compris l’interaction directe entre la mer et les nuages qui modulent couleurs et lumières, contrastes et nuances. Une alchimie aussi douce que tumultueuse entre ces éléments.
D’ailleurs, que serait le ciel sans nuages ? Un infini immense et stérile de vide, de rien, d’uniformité.
Grâce à la lumière, les formes s’étirent, composent et sculptent l’espace du ciel. Elles sont la clé d’accès à ce qui se trame plus bas.
Depuis les hautes falaises des îles Féroé jusqu’au nord de la Norvège j’ai veillé cet horizon, traqué les subtiles nuances révélées par les nuages bas, guetté l’instant décisif où tout prend sens et devient évident.
Dans ces moments, je ne crée rien, l’essentiel est sous mes yeux. J’abandonne la création, je lâche prise, je vis l’instant. Je ne fais que recueillir intensément l’image devenue spectacle.
Haut et bas, ciel, terre et mer, ce vaste ensemble graphique où les lignes deviennent épure, où les tons se marient et jaillissent dans leur plus juste expression.
Je fais fi de la linéarité de l’horizon, m’autorise à le moduler, lui donner de la texture pour le rendre intéressant, expressif, prenant. Pour en faire le chainon manquant entre le ciel et la mer, l’expression des éléments bruts.
Une quête d’ambiances épurées, où les lignes et les couleurs les plus subtiles nous portent aux sources de l’émerveillment.